La Préhistoire

Le jeu de boules, tout comme le jeu d’osselets semble remonter à l’aube de l’humanité. Dans un premier temps est né le geste du lancer, lié, de toute évidence, à la nécessité de chasser.
De l’entraînement à cette activité pour le moins vitale nos ancêtres firent rapidement un jeu, lequel évolua sous des formes diverses au long des millénaires.
L’on peut raisonnablement penser que l’homme de la préhistoire jeta donc des pierres. Mais les premières découvertes d’objets plus ou moins sphériques assimilables à des boules ont été faites à Catal Huyuc, ville anatolienne d’Asie Mineure. Ces sphères de pierre, dont l’usage spécifique nous reste malheureusement inconnu, datent de 5000 à 6000 avant J-C.

La Grèce

Les grecs firent des jeux une véritable institution.En dehors des épreuves qui feront la gloire d’Olympie bien d’autres disciplines vont être à l’honneur. Billes, quilles, mais également disques, palets et même sphéristiques viennent ainsi enrichir notre passé boulistique
Les plus illustres médecins grecs : Hippocrate, Galien et plus tard Oribase vont dans leurs traités vanter le caractère salutaire de ces exercices.

 

Douze siècles avant notre ère, Homère nous décrit de façon pittoresque ces jeux hautement prisés par nos ancêtres helléniques. Outre le célèbre “Discobole”, le jeu de palet eut également la faveur de ces peuples plus ou moins sensibilisés au contexte guerrier.
C’est ainsi que dans l’Iliade les compagnons d’Ajax lancent le fer lors des jeux funèbres célébrés en l’honneur de Patrocle. Le jeu de bille était très populaire et est décrit sous des formes diverses. La similitude est frappante avec les formes pratiquées dans nos propres cours d’écoles.

   

La Grèce

Nos ancêtres gaulois assimilèrent sans se faire prier le patrimoine romain. Ainsi, vit-on “caroler” un peu partout des sphères tournoyantes dont le diamètre et le poids étaient bien supérieurs à nos boules actuelles.
Les invasions barbares mirent quelques temps en sommeil les occupations ludiques. Du moins officiellement.

Les activités boulistes n’en seront pas pour autant oubliées ; nos malheureux bouleurs attendent simplement la venue de temps plus propices.
La privation aiguisant l’envie, sevrés par plusieurs siècles d’inactivité, ils vont dès le XI siècle, mettre les bouchées doubles. Si les chevaliers ne songent qu’aux tournois, les classes paysannes de la socièté féodale se prennent alors d’une véritable frénésie bouliste.
Le terme “boule” qui pour plus de compréhension a été employé dans cet historique, va en réalité faire son apparition au XIII siècle.

Le XIV siècle sera celui des interdits. Les jeux connaissent une telle ampleur que ce côté excessif ne sera pas sans poser quelques problèmes. Certains sujets s’écartent de leurs devoirs, mais ce qui est plus grave encore aux yeux des souverains, c’est que cette pratique abusive a des effets désastreux sur les compagnies d’archers et d’arbalétriers. Les nécessités d’une société féodale aux frontières indécises va donc pousser nos rois de France à promulguer périodiquement des interdits que reprendront sénéchaux et baillis. Les ecclésiastiques lors des synodes prendront des mesures analogues. Bien entendu, ces ordonnances sont très impopulaires et soulèvent des tollés d’indignation. Les jeux seront alors tolérés, mais réglementés. Parmi les jeux alors en vigueur :
* ludo talorum boulete : jeu de palet ou jeu du carreau
* le jeu de quilles sous des formes très diversifiées répondant à des critères régionaux, voire locaux
* les jeux de boules : “la boule en bois” et “la boule de fort” semblent être les variantes les plus anciennes.
Une boulomanie galopante va alors gagner tout le royaume et nos voisins ne manquent pas alors d’attraper le virus. Le jeu de boules sur gazon se développe alors en Angleterre.
 

La Renaissance

Technicité, maîtrise, adresse constituent les nouveaux critères. Nos disciplines, il va sans dire, vont faire l’objet d’un essor considérable. Les boules vont bénéficier de ce courant et, définitivement réhabilités, vont connaître un engouement général.
Boules des Flandres, boules bretonnes, boules vendéennes, boules angevines, boules normandes, boules rhodaniennes ou boules provençales, des variantes répondant à des critères régionaux certes, mais un même état d’esprit et des principes, somme toute, analogues.


Pourtant, au début du XVIème Siècle, les joueurs de boules trouvent grâce aux yeux du pape Jules II. Désireux de faire du Saint-Siège la première puissance italienne, il mobilise les meilleurs bouleurs de son état.
Regroupés en une redoutable compagnie de lanceurs de pierres, ils s'illustrent brillamment contre les français, les vénitiens et les espagnols.

Avec les guerres franco-italiennes, le jeu de boules revient en France. Rabelais lui-même dit :
"Il n'y a point de rhumatisme et d'autres maux semblables que l'on ne puisse prévenir par ce jeu: il est propre à tous âges, depuis la plus tendre enfance jusqu'à la vieillesse".

Le jeu de boules prend alors de plus en plus d'ampleur. La France et l'Italie sont à l'avant garde et, déjà, des différences apparaissent. En France, les traditionnelles boules en bois se couvrent de clous alors qu'on les vernit dans la péninsule.
   

Les Temps modernes

On jouait aux boules sous la révolution, on continuera à jouer aux boules sous l’empire.
Les fidèles grognards ne manqueront pas de se livrer à cette dévorante passion. Les modes de jeux sont encore imprécis. Au XIXème siècle, les jeux de boules, atteindront une popularité exceptionnelle et de très nombreux écrits viendront en témoigner. Dans la seconde moitié de ce siècle, les formes régionales vont peu à peu s’organiser.


C’est ainsi que le jeu national prend forme dans la région lyonnaise, tandis que le midi préfère le jeu libre plus adapté à une conception moins rigoriste. Ce n’est qu’à la fin de ce XIXème siècle et durant la première moitié du XXème siècle que des règles déterminées seront éditées. Des fédérations vont se créer et des compétitions vont s’organiser.
La pétanque, quant à elle va naître en 1910 à la Ciotat, mais cela, c’est une autre histoire.